samedi 20 mars 2010

où on réfléchit

le plus gros mensonge qu'on nous a vendu avec le notre belle société laïque occidentale, c'est celui de la liberté.

on nous a fait croire que, comme on était plus obligés par la culture d'être ce qu'on nous imposait, qu'on pouvait devenir quelqu'un d'autre. n'importe qui. qui on veut.
on est plus menuisiers de père en fils, on a le droit de choisir qui on veut être.
genre.
carte blanche.
vas-y éclate-toi.

puis en fait on a juste gagné la liberté de se torturer sur qui on est et qui on voudrait et le gouffre entre les deux, et la culpabilité de ne pas être qui on voudrait être alors que tout est possible, nous sommes libres de choisir. de changer.
on est même pas foutus d'arrêter de fumer quand on le décide, alors changer... tu parles.

on a juste gagné le droit de se demander éternellement qui on est et qu'est-ce qu'on veut et c'est quoi le but de tout ça et comment connaitre le goût de sa propre langue.

on  nous a vendu une société plus égalitaire, plus juste, plus fraternelle. moins imposée par le haut, moins sectaire.
avant, on avait du sectaire, du divisé, du hiérarchique. on ne mélangeait pas les torchons avec les serviettes. mais à l'intérieur même de chaque groupe, il y avait du lien, de la vie ensemble, du serrage de coude, du on se comprend.
on a juste gagné l'individualisme.

on nous a dit : on va faire un grand groupe où tous les humains auront les même droits, et on sera des grands copains devant l'éternel. et on a juste gagné le chacun pour sa pomme, une télé dans chaque chambre et une piscine dans chaque jardin.

on nous a donné une balle en caoutchou, et comme des idiots on a tous foncés dessus, tous contents d´avoir quelque chose à machouiller. et personne de se demander qui c'est qui lance les balles.

alors oui on a le droit de vote, oui les riches payent plus d'impôt pour que les pauvres en bénéficient un peu. et encore. de moins en moins.

mais la liberté...
pour être créatif, on a besoin de frontière, de barrière, de balises, de points de départ, de points de rupture, des lignes à presque franchir sans les dépasser

la carte blanche, c'est la mort.

le bon artiste sait se donner des consignes à lui-même. le bon humain aussi. et il se délecte à les suivre, et à les détourner.

on avait les rites avant, comme balises, comme ancrages. comme repères. c'était apaisant. encadrant. rassurant.

on ne fait pas du fromage en disant au lait "tiens-toi droit". on lui donne une boite, des murs. sinon le lait s'étale indéfiniment.

la question, c'est peut être est-ce que le lait veut devenir fromage.

mais on lui pose pas la question. on part du principe que le lait est arrivé dans la bonne boite, celle qui lui était destinée. la boite à camembert, la boite à coulommiers.
peut être qu'on pourrait se dire que le moment de la décision est avant tout ça. et que le choix de la boite n'est plus à faire, mais déjà fait. qu'il existe une sorte de destinée divine. et que les choix n'ont qu'à se faire dans ce cadre là.

mais est-ce qu'on n'ouvre pas la porte à la dictature...
chef d'état de droit divin...

N'empêche, je veux du cadre. je veux du rite. je veux  du rituel de passage à l'âge adulte et des cérémonies de ménopause, je veux des fêtes pour le printemps et des fêtes pour l'hiver. je veux des rituels du matin et des rituels du soir. je veux qu'on se retrouve autour du feu pour la veillée et les histoires. je veux me coucher avec le soleil. je veux que le nos vieux soient des bibliothèques, et nos enfants des inspirés. je veux que la musique soit jouée par des gens et moins par des machines. je veux cueillir plus de salades dans les prés et moins dans les supermarchés. je veux sauter le feu de la St Jean et je veux dormir à la belle étoile.

je ne dirai pas c'était mieux avant. mais j'aurai aimé vivre au temps des troubadours.

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c'est trop aimable, j'en perds mes mots